Ma marraine s’appelait Anne-Marie. Elle était Corse et avait dans la voix une légère pointe d’accent. Un petit rien qui rendait sa diction incomparable. Certains mardis, ma mère me déposait chez elle et « Marraine » me gardait jusqu’au lendemain. Son mari était souvent absent, elle avait une grande maison qui donnait sur la Seine. Elle me gâtait. J’étais petit, elle me laissait dormir avec elle et le mercredi nous allions au cinéma dans sa Ford. C’était au milieu des années 1970, je devais avoir 5 ou 6 ans.
À cette époque-là, Anne-Marie me racontait des histoires qui se poursuivaient doucement même après qu’elle a éteint la lumière. Toujours avec cette voix qui chantait légèrement, une voix d’une extrême douceur qui dans la nuit de ces mardis soir, finissait par m’envelopper…
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01net (Digital) - 1 Issue, No.977